Lorsque l’on se remémore nos cours d’histoire ou de géographie, dans les années 80 (oui, l’époque où on parlait encore de l’URSS et du Mur de Berlin), un pays semblait avoir une politique aussi incongrue que celle de la Corée du Nord actuellement. Ce pays, c’était l’Albanie. Une sorte de no man’s land dans laquelle un dictateur formé aux meilleures (?) méthodes soviétiques dirigeait d’une main de fer son peuple… Par chance, le dictateur a passé l’arme à gauche à la fin de la décennie et son successeur, qui aurait bien aimé garder le cap d’un isolationnisme forcené, a baissé les bras… Et le peuple albanais a découvert avec une stufécation non feinte la planète dans laquelle il vivait.
L’effet de surprise passé, il a fallu tourner la page. Et les Albanais ne se sont pas fait prier deux fois. Terminé les investissements colossaux pour assurer la protection du pays au travers d’une police secrète. Les crédits seraient désormais consacrés à (re)construire le pays. Et il en fait bien besoin.
Aujourd’hui, trente ans plus tard, l’Albanie apparaît comme méconnaissable. Certes, il n’est pas rare de voir par-ci ou par-là des bunkers (il y en avait des milliers au terme de la dictature). Mais désormais, on voit beaucoup plus de stations service (attendez-vous à en trouver une tous les deux cents mètres sur les routes principales) que de bâtiments militaires. Certes, on trouve encore quelques routes défoncées. Mais la plupart du temps les infrastructures sont plutôt correctes.
A Tirana, la capitale, le béton coule à flots, pour construire d’immenses tours modernes, à l’architecture audacieuse. Les vestiges communistes ont été détruits, à l’exception de l’immense place centrale ou de la pyramide, un édifice érigé par le dictateur à sa propre gloire, dans un vain souci d’éternité à la manière des Egyptiens. Abandonnée durant trente ans, cette structure est actuellement en pleine rénovation, avant de devenir un des endroits les plus hype de la ville.
Une ville, qui, comme l’ensemble du pays se transforme encore à marche forcée. Au sud, la Riviera locale rassemble les plus grands hôtels du pays, surfant sur une loi littoral inexistante, ce qui permet aux investisseurs les plus grands écarts avec les règles de l’urbanisme et le respect de l’environnement. Même dans le nord, au cœur de ce que l’on nomme communément les Alpes albanaises, les constructions fleurissent dans les stations d’altitude. Des immeubles pour satisfaire la demande touristique locale (et anticiper celle internationale, le pays devenant de plus en plus l’objet d’attention des tour operator, grâce aux paysages et aux prix encore relativement bas). Seule consolation : les nouveaux immeubles érigés dans les montagnes respectent peu ou prou les traditions locales, avec des matériaux et une architecture traditionnelle… Le pire pour le pays serait de passer d’une dictature parmi les plus strictes à un ultra libéralisme parmi les plus dangereux.
Cuando recordamos nuestras lecciones de historia o geografía en la década de 1980 (sí, cuando todavía hablábamos de la URSS y el Muro de Berlín), el país parecía tener una política tan incongruente como Corea del Norte en este momento. Ese país era Albania. Una especie de tierra de nadie en la que un dictador formado con los mejores (?) métodos soviéticos gobernaba a su pueblo con mano de hierro… Por suerte, el dictador giró hacia la izquierda a finales de la década y su sucesor, que le habría gustado mantener el rumbo del aislacionismo frenético, se rindió… Y el pueblo albanés descubrió con sincero asombro el planeta en el que vivía. El efecto sorpresa pasó, había que pasar página. Y a los albaneses no fue necesario que se lo preguntaran dos veces. No más inversiones colosales para garantizar la protección del país a través de una policía secreta. Los créditos ahora se dedicarían a (re)construir el país. Y era realmente necesario. Hoy, treinta años después, Albania parece irreconocible. Hay que reconocer que no es raro ver búnkeres aquí y allá (había miles de ellos al final de la dictadura). Pero ahora se ven muchas más gasolineras (es fácil encontrar una cada doscientos metros en las carreteras principales) que edificios militares. Es cierto que todavía quedan algunas carreteras con baches. Pero la mayoría de las veces las infraestructuras son bastante correctas. Una ciudad que, como todo el país, sigue transformándose a marchas forzadas. Al sur, la Riviera local reúne los mayores hoteles del país, navegando sobre una ley de costas inexistente, que permite a los inversores las mayores desviaciones de las normas urbanísticas y del respeto del medio ambiente. También en el norte, en el corazón de los comúnmente llamados Alpes albaneses, florecen las construcciones en las estaciones altas. Edificios para satisfacer la demanda turística local (y anticiparse a la demanda internacional, ya que el país se convierte cada vez más en objeto de atención de los touroperadores, gracias a los paisajes y a los precios todavía relativamente bajos). El único consuelo: los nuevos edificios construidos en las montañas respetan más o menos las tradiciones locales, con materiales y arquitectura tradicionales… Lo peor para el país sería pasar de una de las dictaduras más estrictas a uno de los ultraliberalismos más peligrosos. . .