Boí, la vallée oubliée / El valle olvidado de Boí

Tout le monde connaît l’histoire du Machu Picchu et de sa redécouverte -pratiquement par hasard- en 1911 par un historien américain. Il n’est point utile de traverser les océans pour découvrir des histoires similaires. Un court voyage vers les Pyrénées catalanes suffit…
Ce court voyage s’entend au sens de nos déplacements actuels -même si ceux-ci sont pénalisés par la crise sanitaire. Il y a un siècle seulement, traverser le massif séparant la France de l’Espagne tenait beaucoup plus de l’expédition. C’est ainsi que le vécurent l’architecte et politique Josep Puig i Cadafalch et les membres de sa caravane, partis en août 1907 à la découverte de la Vallée de Boí.
L’art roman, fameux ici, est en effet redevenu à la mode, alors que la Renaissance et le « Noucentrisme », deux courants culturels de l’époque, veulent mettre en avant l’identité catalane et ses origines. Aussi, l’institut d’études catalan, tout juste créé, décide de monter cette expédition, voyageant à pied et avec quelques mulets qui portent le matériel, dont un appareil photo.
Le groupe franchit les Pyrénées non pas par le sud, mais par le nord, depuis Toulouse. Le 3 septembre, sous une pluie torrentielle, il franchissent le col de Caldes, porte d’entrée de la vallée de Boì. Cette vallée, qui avait vécu son apogée entre le XIe et le XIVe siècles, avait au fil du temps sombré dans l’oubli, victime de son accès difficile. Et les petits villages s’étaient dépeuplés, ne laissant de traces que dans les histoires orales qui se transmettaient de génération en génération…
Les 5 et 6 septembre, voilà les six hommes devant leur Graal : les villages oubliés de la vallée. Et surtout l’impressionnant ensemble d’églises romanes qu’ils abritent. Des monuments certes abimés par les siècles, mais d’une beauté incroyable, avec de hauts clochers qui permettaient de communiquer d’un village à l’autre, en avertissant notamment des dangers.
Une fois les portes des églises poussées, c’est la révélation : la plupart des lieux de culte abritent d’incroyables peintures, couvrant parfois la totalité du chœur. Des scènes religieuses, bien sûr, pour illustrer la Bible. Mais aussi des dessins d’animaux exotiques, comme des éléphants, arrivés ici par on ne sait quelle magie…
Les scientifiques rentrés à Barcelone, ils éditent des livres et multiplient les conférences pour commenter leurs découvertes. La vallée retrouve son aura, mais arrivent bien vite les premiers pillards, qui dévalisent les trésors enfermés dans les églises. Des années plus tard, pour sauver ce qui peut encore l’être, la plupart des peintures sont détachées de leurs murs, préservées et installées au sein du musée national d’art catalan (Mnac) de Barcelone, où chacun pour découvrir leur incroyable beauté.
Les églises, elles, ne nécessitent plus d’expédition pour être observées. Elles trônent toujours, rénovées et plus belles que jamais, dans cet écrin pyrénéen, au milieu des pistes de ski et des petits villages qui ont retrouvé la vie.

TTodo el mundo conoce la historia del Machu Picchu y su redescubrimiento, casi por casualidad, en 1911 por un historiador estadounidense. No es necesario cruzar los océanos para descubrir historias similares, con un viaje corto al Pirineo catalán es suficiente…
Este viaje corto se entiende en el sentido de nuestros viajes actuales, incluso si están penalizados por la crisis de salud. Hace solo un siglo, cruzar el macizo que separa Francia de España era mucho más que una expedición. Y una gran expedición emprendieron el arquitecto y político Josep Puig i Cadafalch y los miembros de su caravana, que partieron en agosto de 1907 para descubrir el Valle de Boí.
El arte románico, famoso aquí, ha vuelto a ponerse de moda, mientras que el Renacimiento y el « Noucentrismo », dos corrientes culturales de la época, quieren poner de relieve la identidad catalana y sus orígenes. Asimismo, el Instituto de Estudios Catalanes, recién creado, decide montar esta expedición, viajando a pie y con unas mulas que llevan el equipo, incluida una cámara.
El grupo cruzó los Pirineos no por el sur, sino por el norte, desde Toulouse. El 3 de septiembre, bajo una lluvia torrencial, cruzaron el Col de Caldes, puerta de entrada al valle de Boì. Este valle, que había vivido su apogeo entre los siglos XI y XIV, se había hundido con el tiempo en el olvido, víctima de su difícil acceso. Y las pequeñas aldeas se habían despoblado, dejando huellas solo en las historias orales que se transmitían de generación en generación…
El 5 y 6 de septiembre, aquí están los seis hombres frente a su Grial: los pueblos olvidados del valle. Y sobre todo el impresionante conjunto de iglesias románicas que albergan. Monumentos ciertamente dañados por los siglos, pero de increíble belleza, con altos campanarios que permitían la comunicación de un pueblo a otro, advirtiendo en particular de los peligros. Una vez que se abren las puertas de las iglesias,  la revelación: la mayoría de los lugares de culto albergan pinturas increíbles, que a veces cubren todo el coro. Escenas religiosas, por supuesto, para ilustrar la Biblia. Pero también llegaron aquí dibujos de animales exóticos, como elefantes, por algún tipo de magia … Los científicos vuelven a Barcelona, editan libros y multiplican las conferencias para comentar sus descubrimientos. El valle recupera su aura, pero los primeros saqueadores llegan rápidamente, robando los tesoros encerrados en las iglesias. Años más tarde, para salvar lo que aún se puede salvar, la mayoría de las pinturas se desprenden de sus paredes, se conservan e instalan en el Museo Nacional de Arte de Cataluña (Mnac) de Barcelona, donde todos pueden descubrir su increíble belleza.
Las iglesias ya no requieren la observación de expediciones. Siguen entronizados, renovados y más bonitos que nunca, en este entorno pirenaico, en medio de pistas de esquí y pequeños pueblos que han vuelto a la vida.