Ces derniers jours, dans l’actualité française, reviennent en boucle les mots « liberté », « démocratie » ou encore « résistance ». Un vocabulaire aujourd’hui connecté à un conflit sur des décisions sanitaires qu’il serait bienvenue de replacer dans le contexte historique.
Pour cela, un voyage dans le temps et l’espace vaut mieux que de longs discours ou de vaines démonstrations qui ne convaincront de toute manière ceux qui ne cherchent pas à être séduits, à part par d’illusoires prophètes. Nous voici donc à Dieulefit, au cœur de la Drôme Provençale, en 1940. Le bourg est connu depuis des siècles pour sa tradition potière. La tribu celte voconce, puis les Romains, occupèrent ce territoire avant qu’au Moyen Âge, les Templiers d’y fonder une paroisse, plus tard complétée par la demeure d’un seigneur du village voisin de Vesc.
Dans ce bourg partagé entre catholiques et protestants (chacun des temples occupe une des places principales du centre), lorsque la guerre arrive, une partie de la population décide de prendre les armes. Parmi ces habitants, une poignée de femmes menées par Marguerite Soubeyran et Catherine Kraft. Toutes deux ont fondé à l’écart du village, dix ans plus tôt, l’école de Beauvallon. Dans cet établissement un peu particulier, les écoliers les plus difficiles trouvent refuge lorsque l’Education nationale ne veut plus d’eux. Là, ils se retrouvent dans un système original, inspiré par une méthode helvète, dans lequel l’enfant est au cœur de toutes les décisions, de toutes les initiatives.
D’enfants difficiles à enfants menacés, le pas est vite franchis. Et les demoiselles, accompagnées par d’autres habitants, montent un véritable réseau de protection des enfants juifs, pourchassés par le régime de Vichy et les troupes nazis. Le maire, lui-même nommé par cette administration, fait preuve d’une parfaite incompétence (ou d’un incroyable aveuglement, ne réagit pas et, par miracle, laisse faire. Jeanne Barnier, une jeune femme de 20 ans qui travaille sous ses ordres à l’hôtel de ville, devient experte es-faux papiers d’identité et renomme des dizaines et des dizaines de gamins pour leur éviter un nom trop yiddish. Les enfants sont placés dans l’école ou encore dans les familles du village, en attendant l’orage. Qui passe. Et lorsque, en 1945, revient le beau temps, on estime à 1500 le nombre de refugiés (enfants ou adultes) qui sont passés par le bourg, sans qu’aucun d’entre eux ne soit dénoncé.
Aujourd’hui, Beauvallon est un Institut thérapeutique éducatif et pédagogique, accueillant des enfants en difficulté de 6 à 16 ans, dans des conditions un peu moins expérimentales qu’au début. Des enfants qui vivent dans les mêmes locaux que ceux qui, 80 ans plus tôt, ont vécu sans le savoir le sens réel du mot « résistance ».

En los últimos días, en las noticias francesas, siguen apareciendo las palabras « libertad », « democracia » o incluso « resistencia ». Un vocabulario hoy conectado a un conflicto sobre decisiones de salud que sería bienvenido para ubicarlo en el contexto histórico. Por eso, un viaje en el tiempo y el espacio es mejor que largos discursos o vanas demostraciones que de todos modos no convencerán a quienes no buscan ser seducidos, excepto por profetas ilusorios. Así que aquí estamos en Dieulefit (en ingles), en el corazón de Drôme Provençale, en 1940. El pueblo es conocido desde hace siglos por su tradición alfarera. La tribu celta voconce, luego los romanos, ocupó este territorio antes, en la Edad Media, los Templarios fundaron allí una parroquia, más tarde complementada con la residencia de un señor del vecino pueblo de Vesc. En este pueblo compartido entre católicos y protestantes (cada uno de los templos ocupa una de las plazas principales del centro), cuando llega la guerra, parte de la población decide tomar las armas. Entre estos habitantes, un puñado de mujeres encabezadas por Marguerite Soubeyran (en frances) y Catherine Kraft. Diez años antes, ambas habian fundado la escuela de Beauvallon en las afueras del pueblo. En este establecimiento bastante especial, los escolares más difíciles encontraban refugio cuando la Educación Nacional ya no los queria. Allí, se encuentran en un sistema original, inspirado en un método suizo, en el que el niño está en el centro de todas las decisiones, de todas las iniciativas. De niños difíciles a niños amenazados, solo hay un paso. Y las señoritas, acompañadas de otros habitantes, montaron una verdadera red para proteger a los niños judíos, perseguidos por el régimen de Vichy y las tropas nazis. El alcalde, él mismo designado por esta administración, muestra una perfecta incompetencia (o una ceguera increíble), no reacciona y, milagrosamente, deja que suceda. Jeanne Barnier, una joven de 20 años que trabaja bajo sus órdenes en el ayuntamiento, se convierte en una experta en falsificar documentos de identidad y cambiar el nombre de decenas y decenas de niños para evitarles demasiados nombres yiddish. Los niños son ubicados en la escuela o en las familias del pueblo, esperando la tormenta. Pero la tormenta pasa. Y cuando, en 1945, el buen tiempo regresa, se estima en 1500 el número de refugiados (niños o adultos) que pasaron por el pueblo, sin que ninguno de ellos fuera denunciado. Beauvallon es hoy un instituto terapéutico, educativo y pedagógico, que acoge a niños con dificultades de entre 6 y 16 años, en condiciones un poco menos experimentales que al principio. Niños que viven en el mismo local que los que, 80 años antes, vivieron sin conocer el verdadero significado de la palabra « resistencia ».

laurent&jose
admin@findusnow.fr

4 thoughts on “Dieulefit, le village des Justes/El pueblo de los Justos”

  1. He tenido dos hijas, he escrito algunos libros, he plantado algun árbol y, finalmente, he conseguido aparecer, acompañado de Miracle, Turet y Lluna, en un vídeo de « Find Us Now ». Y asociado a una historia tan bella como la de Dieulefit. ¿Qué más se puede pedir?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
30 − 14 =