Un des plus beaux -sinon le plus- cirque glaciaires au monde. Une cascade impressionnante, autant en été, lorsqu’elle chute en se transformant en traîne de mariée, qu’en hiver, où elle prend la forme d’une colonne de glace que quelques téméraires osent affronter à coup de pics et de piolets…
Le nom de Gavarnie, au dela des images mondialement connues, me rappelle inévitablement un foule de souvenirs. Car c’est là que, tout petit, je me rendais avec mes parents, pour échapper le temps d’une journée aux foules de pélerins qui déambulaient dans les rues de la toute voisine ville de Lourdes. Là, au matin, on embarquait dans un vieux bus poussif au confort rudimentaire, qui s’élançait bravement à la conquête du pays Toy, la vallée qui englobe Gavarnie et Luz-Saint-Sauveur. Le vieil autocar enchaînait les virages tandis qu’à l’intérieur, les pèlerins convertis en montagnards néophites distribuaient les sacs à vomi pour tenir tout au long des cinquante kilomètres…
Enfin, le bourg et la descente du bus, pour découvrir, depuis les échoppes des vendeurs de souvenirs, l’immensité et la beauté de ce site. La lente montée vers la cascade pouvait commencer, en sifflotant pour les plus jeunes, en gémissant pour les plus âgés venus dans le coin pour un hypothétique miracle sur leur arthrose. Ce chemin, toujours emprunté chaque année par des milliers de visiteurs, c’est un peu un rite initiatique avant d’accéder au Saint-Graal, un chemin de croix dans lequel les stations seraient dédiées là à un peu d’eau sortie de la gourde, ici à s’éponger généreusement le front ruisselant de sueur.
Et puis quand on arrive tout là-haut, après l’hôtel du cirque, chacun ouvre grand les mirettes pour contempler la beauté. « Un don de Dieu », assèneront ceux qui n’auront pas décroché et se préparent déjà à la veillée aux flambeaux dans la cité mariale. « Simplement magique », souligneront plus sobrement les autres. Et puis, dans un petit coin d’herbe à l’abri d’un des rares arbres, on ouvrira le sac pour sortir le pique-nique préparé avec plus de plastique que d’amour par l’hôtel bon marché dans lequel on est hébergé. Ça sent la tomate juste assaisonnée avec un peu de sel, les chips, l’œuf dur. Le repas frugal parait un festin au pied de la muraille de pierre. Juste le temps de ramasser les déchets qu’il faut déjà redescendre, le bus partant à 15 heures, histoire de ne pas rater les Vêpres aux Sanctuaires…
Les années ont passé et le Cirque conserve toute sa splendeur. Les pèlerins sont aujourd’hui bien moins nombreux, la pandémie ayant largement attaqué leur effectif ces deux dernières saisons. Ils sont remplacés par les familles, les touristes de passage qui, à leur tour, se lanceront dans les cinq kilomètres d’ascension avec plus ou moins de préparation. « On a beau sensibiliser, expliquer, contrôler : il n’y a rien à faire », soupirait un jour un capitaine de la CRS (Compagnie républicaine de sécurité) basée sur la route du cirque pour assurer les sauvetages aux montagnards d’un jour ou de toujours. « Chaque année, on a des accidents à cause de gens qui n’ont absolument pas la capacité physique de monter, ou parce qu’elles arrivent en tong ou sandales usées jusqu’à la corde… Gavarnie, ça a beau être noir de monde, ça reste de la vraie montagne, avec tout ce que ça sous-entend. »
Uno de los circos glaciares más bellos, si no el que más, del mundo. Una cascada impresionante, tanto en verano, cuando cae transformándose en una cola de novia, como en invierno, donde toma la forma de una columna de hielo que algunos atrevidos osan afrontar con picos y piolets. El nombre de Gavarnie, más allá de la fama mundial de sus imágenes, me trae inevitablemente una gran cantidad de recuerdos. Porque es allí donde, de pequeño, fui con mis padres, escapando durante un día de las multitudes de peregrinos que inundaban la cercana ciudad de Lourdes. Por la mañana, subimos a un viejo autobús, lento y con comodidades rudimentarias, que partía con valentía a conquistar la tierra de Toy, el valle que abarca Gavarnie y Luz-Saint-Sauveur. El viejo carruaje daba vueltas mientras en el interior, los peregrinos convertidos en montañeses neófitos repartían las bolsas para vomitar que nos acompañarían a lo largo de los cincuenta kilómetros… Finalmente, el pueblo y el descenso del bus, para descubrir, desde los puestos de venta de souvenirs, la inmensidad y belleza de este sitio. Ahora sí empezaba el lento ascenso a la cascada, los más jóvenes silbando, mientras los mayores iban gimiendo argumentando que habían acudido en busca de un hipotético milagro para sus artrosis. Este camino, frecuentado cada año por miles de visitantes, es una especie de rito iniciático antes de llegar al Santo Grial, un via crucis en el que las estaciones estarían dedicadas ahora a beber un poco de agua que sale del río, después la estación para limpiarte generosamente la frente empapada de sudor. Y finalmente, cuando llegas a la cima, después del hotel del circo, abrir los ojos de par en par para contemplar la estación final: « Un regalo de Dios », deslumbrante para aquellos que no han abandonado y ya se preparan para la vigilia con antorchas en la ciudad mariana. « Simplemente mágico », dirán los más sobrios. Y luego, en una pequeña parcela de césped al abrigo de alguno de los escasos árboles, abríamos la bolsa para sacar el picnic preparado con más plástico que cariño por el hotel barato en el que estábamos alojados. Olía a tomate recién sazonado con un poco de sal, patatas fritas, huevo duro. La comida frugal parecía un festín al pie del muro de piedra. El tiempo justo para recoger la basura y ya teníamos que bajar, el autobús partía a las 15h, para no perderse las Vísperas en los Santuarios… Han pasado los años y el Circo conserva todo su esplendor. Los peregrinos son ahora mucho menos numerosos, ya que la pandemia ha atacado en gran medida a su fuerza laboral en las dos últimas temporadas. Son sustituidos por familias, turistas de paso que, a su vez, se embarcarán en los cinco kilómetros de ascenso con más o menos preparación. « Podemos concienciar, explicar, controlar: no hay nada que hacer », suspiró un día un capitán de la CRS (Compañía Republicana de Seguridad) con base en la ruta del circo para garantizar rescates a los montañeses de un día o contínuos. « Todos los años, tenemos accidentes de personas que no tienen absolutamente ninguna capacidad física para escalar, o porque llegan con tangas o sandalias prácticamente sin suelas …. Gavarnie, aunque esté invadida por cientos de personas, sigue siendo una verdadera montaña, con todo lo que eso implica « .