Aux Maldives, il y a deux mondes parallèles qui ne se croisent quasiment jamais. Deux, ou même trois ou quatre. Le premier, ce sont les touristes dits « de luxe » qui, fraîchement débarqués de leur vol international, embarquent dans un yacht privé ou une vedette rapide, voire un hydravion, direction leur île-resort privée (à raison de 1000 à 1500 € la nuit en demi-pension, pour les tarifs les plus raisonnables). Une fois installés, ils restent et consomment sur place et ne retournent à la capitale Malé juste quelques minutes avant d’embarquer dans leur vol retour.
Les deuxièmes, ce sont les touristes qui, comme nous, optent pour des transports locaux (speed-boat qui relient les îles, faute de ferry aussi lent qu’économique les jours où nous devions changer d’îles) et dorment dans les petites guest-houses disséminées sur les îles habitées par les Maldiviens.
Et les troisièmes, ce sont bien évidemment les locaux, les 300 000 îliens, auxquels il faut ajouter 100 000 travailleurs étrangers (Bangladesh, Népal…), qui peuvent être assimilés à une quatrième population…
L’hébergement dans les îles pour les deuxièmes devrait favoriser une relation avec les troisièmes. Mais, depuis une dizaine d’année que cette promiscuité est possible, elle n’a guère contribué à une vrai communication, un vrai échange (autre qu’économique). Nous avons essayé de saluer les locaux, d’établir le contact. En vain. Le plus souvent, notre ‘hello’ ne recevait aucune réponse. Seuls les enfants et quelques rares femmes renvoyait un sourire s’ils ne pouvaient donner le change en anglais.
Une absence de communication que l’on a attribué aux modes de vie radicalement différents entre les deux populations. Nous débarquons dans ces îles en short et T-shirt quand eux vivent sous le régime de la charria, avec la plupart du temps des vêtements couvrant la totalité du corps des femmes, une absence logique d’alcool et une acceptation très relative par certains de la musique. Si l’accueil n’est pas hostile, il est très réservé. Même si, comme nous avons tenté de le faire, on se comporte bien, sans faire ni prosélytisme, ni exhibitionnisme. On vit en parallèle, comme l’illustre très bien la bâche (ajourée et percée) tendue à l’entrée de la plage bikini (celle pour les touristes) et qui sert de cache-sexe pour que les locaux ne succombent pas à la tentation devant les corps dévêtus des touristes. Un tabou qui tombe toutefois bien vite le vendredi lorsque des groupes de jeunes Maldiviennes débarquent après la prière sur cette même plage, certaines à peine voilées, d’autres beaucoup plus, et se baignent (ce qui n’est pas si mal, vu la puissance du soleil) juste à côté des Européens.
Une attitude d’ouverture qui laisse à penser que le pays est en train de changer. Le radicalisme religieux (avec ses dérives terroristes, le pays a été un des gros fournisseurs en moyens humains pour Daech) pourrait s’enrayer à l’image du résultat surprise des dernières élections présidentielles en septembre 2018, qui a offert le fauteuil à un candidat modéré. L’ancien président, celui qui avait réinstitutionnalisé la peine de mort, y compris pour les enfants à partir de 7 ans, pouvait se draper dans sa dignité. Mais son honneur n’aura pas tenu bien longtemps : il a été emprisonné mi-mars en attendant son procès pour une gigantesque affaire de corruption dans laquelle ses préceptes et ses interdits religieux auraient largement été oubliés… La semaine prochaine, le 6 avril, un scrutin parlementaire permettra peut-être au nouveau président de compter sur une majorité ouverte et plus tolérante. De sorte à apporter un nouveau souffle au pays.
Un nouveau souffle qui pourrait être également le bienvenue pour la quatrième population, les ouvriers immigrés. Ici, à peine arrivés du bateau ou de l’avion, ils se voient confisquer leur passeport par leur employeur qui n’hésitera pas, tout au long de leur ‘relation’ professionnelle, à les traiter comme des esclaves. En moyenne, ils sont payés 3 ou 4 fois moins qu’un salarié des Maldives. Ce qui en fait de la main d’œuvre aussi bon marché que corvéable. Et nombreux sont les resorts qui les emploient pour 250 $ par mois, avec 7 jours de travail par semaine et 12 h par jour, un mois (non payé, bien sûr) leur étant accordé pour retourner au pays. Derrière les belles images du paradis se cache aussi parfois d’autres, bien moins séduisantes, de l’enfer..

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En las Maldivas, hay dos mundos paralelos que casi nunca se cruzan. Dos, o incluso tres o cuatro. El primero son los llamados turistas « de lujo » que, recién llegados de su vuelo internacional, abordan un yate privado o una lancha motora, o incluso un hidroavión, a su isla privada (1000 a 1500 € por día) con pensión completa a todo lujo, por unas tarifas más que razonables). Una vez instalados, permanecen y consumen en el lugar y no regresan a la capital Malé hasta unos minutos antes de abordar su vuelo de regreso.
Los segundos son los turistas que, como nosotros, optan por el transporte local (lanchas rápidas que conectan las islas, a falta del ferry lento y económico ya que los días que debíamos cambiar de islas no funcionaban) y duermen en pequeños hoteles de locales en las islas habitadas por los maldivos.
Y el tercero, obviamente es el local, los 300 000 isleños, a los que deben agregarse 100,000 trabajadores extranjeros (Bangladesh, Nepal …), que pueden compararse con una cuarta población …
El alojamiento en las islas para los segundos obliga a fomentar una relación con el tercero. Pero, durante la década en que esta promiscuidad es posible, no ha contribuido a una comunicación real, a un intercambio real (más allá del económico). Intentamos saludar a los lugareños, hacer contacto. En vano. Muy a menudo, nuestro ‘hola’ no recibió respuesta. Solo los niños y algunas mujeres nos devolvieron una sonrisa si no sabían hacerlo en inglés.
Una ausencia de comunicación que se ha atribuido a estilos de vida radicalmente diferentes entre las dos poblaciones. Aterrizamos en estas islas con pantalones cortos y camisetas cuando ellos viven bajo el régimen de la charia, las mujeres cubiertas de arriba a abajo, con una lógica ausencia de alcohol y una aceptación muy relativa por parte de algunas de ellas de la música. Si la recepción no es hostil, es muy reservada. Incluso si, como intentamos hacerlo, te comportas bien, sin proselitismo ni exhibicionismo. Vivimos en paralelo, como lo ilustra muy bien la lona (calada y perforada) tendida en la entrada de la bikini beach (la de los turistas) y que sirve de muro para que los locales no sucumban a la tentación. Frente a los cuerpos desnudos de los turistas. Sin embargo, es un tabú que cae rápidamente el viernes cuando grupos de jóvenes maldivos desembarcan después de la oración en la misma playa, algunos poco cubiertos, otros mucho más y se bañan (lo que no es tan malo, dada la potencia del sol) justo al lado de los europeos.
Una actitud de apertura que sugiere que el país está cambiando. El radicalismo religioso con sus excesos terroristas, (el país ha sido uno de los principales proveedores de recursos humanos para Daesh) podría chocar con la imagen del resultado sorpresa de las últimas elecciones presidenciales en septiembre de 2018, que ofrecieron el poder a un candidato moderado. El ex presidente, el que había restablecido la pena de muerte incluso para los niños a partir de los 7 años, podría haberse retirado con dignidad. Pero su honor no duró mucho: fue encarcelado a mediados de marzo en espera de su juicio por un gigantesco caso de corrupción en el que sus preceptos y sus prohibiciones religiosas fueron olvidadas en su totalidad … La próxima semana, 6 de abril las elecciones parlamentarias pueden permitir que el nuevo presidente cuente con una mayoría abierta y más tolerante que permita nuevo aliento al país.
Un nuevo aliento que también podría ser bienvenido para la cuarta población, los trabajadores inmigrantes. Aquí, recién llegados del bote o del avión, sus empleadores les confiscan el pasaporte y no dudarán, a lo largo de su relación « profesional », de tratarlos como esclavos. De promedio, se les paga 3 o 4 veces menos que a un empleado de las Maldivas. Esto hace que la fuerza laboral sea tan barata como manejable. Y muchos centros turísticos los utilizan por $ 250 al mes, con 7 días de trabajo por semana y 12 horas al día, un mes (no pagado, por supuesto) para regresar a casa. Detrás de las bellas imágenes del paraíso a veces se esconden otras, mucho menos atractivas, las del infierno …

laurent&jose
admin@findusnow.fr

3 thoughts on “Le paradis et l’enfer / Paraiso y infierno”

  1. Gracias a vosotros he conocido parte de la realidad de Maldivas, muy interesantes el blog y el video!
    Parece que estáis persiguiendo el verano este 2019, exceptuando el Tibet 😉
    Besos!!

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